Avoir une canne, c’est un peu comme se promener avec un arbre comme ami. Une aide à la marche sur laquelle on s’appuie. La canne a une histoire si longue qu’il est difficile d’en dater l’origine, d’autant plus que cela dépend de ce que l’on veut bien appeler “une canne”.
Le simple bout de bois utilisé pour se défendre contre un animal préhistorique peut déjà être considéré comme la toute première canne. Mais celle qui nous intéresse ici, est celle qui est apparue pour combler d’autres besoins.
La canne devient indispensable
La période qui intéresse les collectionneurs d’aujourd’hui, est sans doute celle du 19ème siècle. À ce moment de l’histoire, la canne est devenue un accessoire indispensable à tout gentleman qui se respecte. Ne dit-on pas, en ce temps-là, “casser sa canne” au lieu de “casser sa pipe” !
Un phénomène socioculturel
Avant la fin du 18ème siècle, la canne est réservée à la bourgeoisie. C’est l’objet réservé à la caste des nobles et de l’ancienne aristocratie. Un paysan ou un ouvrier avec une canne aurait été vu comme une insulte aux privilégiés de l’époque. Pour eux, le bâton, le gourdin ou peut-être la simple canne de bois suffit.
La Révolution, cause de l’apparition de la canne
Dès la triste période de la Révolution française, on interdit le port de l’épée aux gentilshommes. Cette interdiction favorise alors le développement de la canne à secrets. Le bâton de l’objet dissimule un poignard, une épée, voire même un pistolet. Mais l’imagination des fabricants et des artisans ne s’arrête pas là.
Plusieurs types de cannes se retrouvent sur le marché
On peut classer les cannes en deux grandes familles. d’une part les cannes décoratives comme celles qu’affectionnent Oncle Broc et les cannes à système qui sont pleines de mystères. Ces dernières ont une double fonction. Elles servent bien entendu à la marche mais elles gardent le secret d’une toute autre utilisation. On voit apparaître alors la canne lorgnette de théâtre, celle cachant une bouteille d’alcool, celle cachant un violon miniaturisé ou encore un harmonica.
Des matériaux nombreux et riches pour la fabrication
Les deux parties essentielles d’une canne sont le pommeau et le fût. Pour ce dernier, on emploie les bois les plus beaux et les plantes les plus rares comme le jonc de Malacca ou l’ébène du Gabon. Le laurier, le palmier et l’acajou sont également utilisés pour la fabrication des fûts. En plus de ces matériaux connus, d’autres plus extravagants ont servi à la réalisation de fûts comme la colonne vertébrale d’un animal ou plus glauque, le tibia d’un soldat ayant perdu sa jambe. Les cornes, fanons de baleine, le métal ou le verre ainsi que le marbre associé à l’acier ont aussi fait la gloire des fûts de cannes.
On imagine les pommeaux en or, en argent finement travaillé en ivoire avec des pierres précieuses ou en faïence. Dès la Révolution, l’ivoire a beaucoup été utilisé, tout comme la corne ou le bois. Ces matériaux se laissent sculptés facilement, ce qui fait de ces objets de véritables œuvres d’art.
La passion des collectionneurs
Dès les années 60, on voit apparaître les premiers collectionneurs parmi les français, suisses ou anglais. Aujourd’hui, le marché a pris une dimension internationale. Les italiens et les américains ont rejoint la famille des collectionneurs. Parmi les boutiques les plus spécialisées, je me dois de citer Laurence Jantzen au Louvre des Antiquaires.
Votre serviteur affectionne les cannes et il en tient quelques-unes à votre disposition dans sa brocante.